Autrefois, les moulins de Coincy

L’histoire de Coincy est marquée par ses moulins. Comme dans toutes les campagnes avant l’arrivée des machines à vapeur puis du moteur à explosion, la principale force motrice était fournie par le courant des rivières.

Sur les petits cours d’eau, tels que l’Ordrimouille, l’affluent de l’Ourcq qui traverse notre bourg, l’eau est amenée jusqu’au moulin par un bief de dérivation. C’est alors par la force de gravité que l’eau, en tombant sur la roue, met cette dernière en mouvement.

Cette énergie, transmise par un axe, permettait de faire tourner les meules qui broyaient le grain pour produire la farine, comme le montre le dessin ci-contre. Afin de réguler la force du courant, une petite retenue était souvent établie juste en amont du moulin, dont le débit était contrôlé par une vanne, comme on le voit sur la photo du moulin de Coincy. Cette technique de domestication de l’énergie des rivières nécessitait de retrouver plusieurs mètres de dénivelé entre deux moulins, ce qui explique qu’on les trouvait espacés les uns des autres de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres, en fonction de l’importance de la pente.

Sur le territoire de Coincy il n’y a eu longtemps que deux moulins, l’un dans le bourg lui-même, au bas de la rue qui conserve son nom, le second au hameau de La Poterie, dans ce qui est aujourd’hui la ferme Verdoolaeghe. Sous la royauté, l’installation de moulins était un privilège seigneurial et les deux moulins dont nous venons de parler appartenaient aux religieux du prieuré de Coincy.

La Révolution apporta la liberté de construire de nouveaux moulins à condition de disposer d’une chute d’eau suffisante, et c’est alors qu’a été construit le moulin des Chenevières, entre celui de Coincy et celui de La Poterie.

Le mouvement de concentration amorcé dès la seconde moitié du XIXe siècle au profit de gros moulins transformés en véritables minoteries ne laissait plus subsister avant la Grande Guerre que celui de Coincy, l’énergie des deux autres n’animant plus alors que des machines à battre les gerbes de blé avant de cesser tout travail après la guerre.

Il importe aujourd’hui de conserver les témoignages de cette activité : biefs, déversoirs, restes de vannage, qui animaient autrefois notre rivière et qui participent à son pittoresque. Il convient enfin de signaler que, si les moulins à eau étaient les plus actifs, ils cohabitaient souvent, sur le même territoire, avec un ou plusieurs moulins à vent qui pouvaient les suppléer en cas de basses eaux.

Ces constructions plus modestes n’ont souvent laissé d’autres témoins qu’un nom de lieudit. Nous savons ainsi qu’un de ces moulins à vent était implanté sur la hauteur entre Coincy et Armentières. Ce n’est pas un hasard si certains voudraient aujourd’hui y implanter des éoliennes…

Xavier de Massary


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